Quand l’art du commentaire devient un business

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Obtenir des commentaires d’une manière déloyale, ou commerciale, peut être contreproductif, et transformer une belle aventure en cauchemar, car l’enfer est toujours pavé de bonnes intentions.

Aux États-Unis, le commerce en ligne est nettement plus développé qu’en Europe, et le webmarketing correspond à une véritable industrie, avec ses petits génies et ses grands gourous… Le New York Times a rapporté que, las de démarcher les sites d’information et les blogueurs pour relayer tous les écrivains de la maison d’édition à compte d’auteur qui l’employait, un petit malin a eu l’idée de lancer un site Web afin de court-circuiter tout ce système de notoriété progressive. Son projet éditorial monté à la fin 2010, affichait une offre commerciale pour publier des avis sur les pages du site Amazon où les auteurs autoédités proposent leurs livres.

Ils pouvaient ainsi commander un commentaire pour 99 dollars et 20 pour 499 dollars. L’offre grimpait même à presque mille dollars pour en passer 50 comme des avis de lecteurs enthousiastes… Le problème que les livres autoédités rencontrent chez Amazon, c’est qu’ils ne sont pas bien promus en n’apparaissant que rarement dans les premières sélections de recherche sur le site. L’astuce est de pallier à ce problème en faisant artificiellement monter l’audience de la page d’un livre électronique grâce à de nombreux avis positifs. Une étude a démontré que 60% des ventes se rapportent aux livres mentionnés 5 étoiles, et 20% les livres notés 4 étoiles. D’où le gros avantage de pouvoir bénéficier d’un coup de pouce en commentaire. Mais l’appât du gain a poussé Tom Rutherford plus loin qu’il ne l’aurait voulu.

« J’ai écrit des commentaires où je signalais les aspects positifs sans parler des points négatifs, avoue l’éditeur au New York Times. Ce sont des avis commerciaux, pas des points de vue éditoriaux ». Sa petite affaire a quand même assez bien marché, puisqu’il a dû prendre une, puis deux personnes pour le seconder dans la publication de commentaires, jusqu’au chiffre de 4.531 avis de lecteurs faussement passionnés. Le piège est que les auteurs ont tous ardemment souhaité des critiques positives, et n’ont pas su ouvrir leur esprit à la diversité des impressions. Tom Rutherford en était au fond bien incapable, puisqu’il s’était complètement investi dans un vrai travail de production de commentaires, avec le seul objectif de faire grimper les ventes : « J’étais devenu un vrai capitaliste »… Dans le lot des auteurs avec leur commentateur favori, qui était le plus avide de succès ?

L’histoire s’est mal terminée, puisqu’une de ces personnes, qui a patienté trop longtemps pour obtenir une réaction sur la page de son livre, a voulu se plaindre sur des forums, et comme de l’autre côté, Amazon et d’autres gros sites de e-commerce recherchent des réactions de qualité, la chasse a été ouverte pour bannir les commentaires commerciaux. Tom Rutherford s’est vu fermer son compte chez Amazon, et Google lui a emboîté le pas. Quelle est la morale de cette histoire ? À mon sens, tout ne peut pas faire l’objet d’un commerce, et l’expression moins qu’autre chose. L’avis que l’on peut donner d’un produit ne devrait pas être vendu, ni acheté. Car ce n’est pas une marchandise, à la différence du produit lui-même. De votre côté, quel est votre avis sur la question ?

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